jeudi 21 mai 2015

Correspondance 14-18 - A Verzy, il y a eu du gaz asphyxiant qui a remonté des tranchées

Le 21 octobre 1915

Ma chère Henriette,
je t'envoie une collection de la Bonne Presse, je pense que cela te fera plaisir.
Je te dirais que la mère de Paul va bien doucement.
Je suis encore à Bouzy jusqu'à jeudi prochain.
A Verzy, il y a eu du gaz asphyxiant qui a remonté des tranchées, car cela a été terrible mardi, ils sont venus à 500 mètres de la gare de Wez Thuisy. 
Enfin, espérons que cela arrêtera.
En attendant de tes nouvelles, toute la famille vous donne le bonjour, ta cousine qui t'embrasse de tout cœur.
Berthe

2. Prêtre-Soldat bénissant une fosse commune
Collection Artistique de la Maison de la Bonne Presse, 5 Rue Bayard, Paris

Assurément, une carte régionale intéressante sur bien des points. Si on s'intéresse un peu à cette période d'octobre 1915, l'Almanach Matot-Braine nous apprend que le 19, entre le fort de la Pompelle et le village de Prosnes, les allemands s'emparent de quelques éléments de tranchées dans notre première ligne, mais qu'ils sont rejetés aussitôt par une vigoureuse contre-attaque de nos troupes. Il s'agit certainement de ces combats qui se sont rapprochés de la gare de Wez-Thuisy...
Quant à ce gaz asphyxiant dont Berthe fait référence, il est noté que le 20 octobre 1915 :
L'ennemi renouvelle ses attaques, cette fois entre la butte de tir de la garnison de Reims et le village de Prunay : malgré l'usage de gaz suffocants, il est arrêté par le feu de nos canons et de nos mitrailleuses.

Ci-dessous, la gare de Wez-Thuisy qui a déjà bien souffert :


La gare temporaire, après guerre... et la gare d'origine, dont il ne reste plus grand chose :


Si on recherche aujourd'hui cette gare, il faut se tourner vers celle de Val-de-Vesle (anciennement gare de Wez - Thuisy). Cette commune a été créée en 1965 par la fusion des 3 villages indépendants : Courmelois, Wez et Thuisy.

Comme on a pu le constater, ces communes se trouvaient au cœur des combats, comme l'attestent les cartes postales ci-dessous :





Et pour terminer, quelques mots sur la carte postale elle-même.
Déjà, elle n'a pas été choisie par hasard, mais pour faire plaisir.
Même en temps de guerre, les plaisirs simples sont toujours les bienvenus, alors pourquoi se priver de joindre l'utile à l'agréable ?
Il semble que Berthe collectionne les cartes, et tout particulièrement celles éditées par La Maison de la Bonne Presse.
Pour beaucoup d'entre nous, ce nom ne nous dit plus grand chose. Cette société a été créée en 1873 par le père Emmanuel d'Alzon, fondateur de la communauté des Augustins.
Cette communauté religieuse va utiliser la presse pour communiquer et lance le premier hebdomadaire en couleur : Le Pélerin.
La Maison de la Bonne Presse va éditer un nombre impressionnant d'ouvrages, d'objets, et de cartes postales religieuses.
En 1969, changement de nom, le groupe devient Bayard Presse, que nous connaissons toujours aujourd'hui.
Cette carte, présentant des prêtres en pleine action pendant la guerre, fait partie d'une grande série illustrée d'acte de foi et d'assistance. Quelques exemples ci-dessous :




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