mercredi 14 octobre 2015

Correspondance 14-18 - les boches nous en ont envoyé 2000 !

Reims, le 25 février 1915

Madame Beaudelaire,
Je réponds à votre lettre que nous avons reçue ces derniers jours pour vous dire que la maison ainsi que votre logement sont tels que vous êtes partis et sommes tous en bonne santé, nous souhaitons que notre lettre vous trouve de même.
Dimanche, ainsi que lundi, les boches nous en ont envoyé 2000 ! Ainsi que vous pouvez en juger, quelle peur nous avons eu.
Restez à l’abri puisque vous y êtes et ne revenez que lorsqu’il n’y aura plus de danger.
Georges



Effectivement, dans de telles conditions, il vaut mieux rester à l’abri des marmites boches !
2000 ? cela paraît énorme… mais certainement vrai, un petit retour sur l’actualité d’imposer :

La nuit du 21 au 22 février marquera dans les annales de notre cité et pourra s’appeler la Nuit Terrible. De 9 heures du soir à 2 heures et demi du matin, ce fut une averse ininterrompue d’obus et de bombes incendiaires sur le 4e canton. Nombre de maison ne sont plus que des ruines. Incendie Esplanade Cérès, rue Pluche, rue Saint-Crépin, rue du Grenier-à-Sel, Place des Marchés, derrière les Halles ; impasse Saint-Jacques. Effondrement Place Drouet-d’Erlon, rues Caqué, des Poissonniers, Cérès, Clovis, Andrieux, rues de Vesle, Gambetta, (en face de l’église Saint-Maurice), rues Pasteur et du Carrouge, etc. La librairie Catholique d’Armand Lefèvre, rue du Clou-dans-le-Fer, est aussi incendiée. La cathédrale a également souffert, sa voute intérieure qui avait résisté jusqu’ici, est crevée. On compte une vingtaine de tués parmi la population civile et de nombreux blessés.

Une autre carte postale, que nous avons déjà publié, fait également référence à cette Nuit Terrible : http://amicarte51.blogspot.fr/2014/02/guerre-14-18-refugiee-epernay.html

Des bombardements ont encore lieu dans la journée du 22, deux morts. On note « seulement » quelques obus le 23… et le 24 février, les bombardements reprennent le matin à 10 heures et le soir vers 7 heures. Le 25, jours où cette carte est écrite, on note encore des bombardements meurtriers dans la journée.

Le visuel de la carte, nous offre une vision de temps de paix, avec une photo de la rue Libergier avant-guerre. C’est le calme qui précède la tempête. Cette photo est présentée réduite dans un faux cadre… Editée par ELD, on retrouve cette photo à bord perdu sur une autre carte de l’éditeur, portant également le numéro 91… mais de meilleure qualité, qui laisse à supposer que les « trucages » photographiques tendent à éprouver la finesse de reproduction de ces phototypies.


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